Bienvenue chez moi! Welcome in my home!

Question d'adaptation.

Quand je suis arrivée en Angleterre, j'ai eu quelques difficultés pour me faire à ce nouvel environnement. La nouriturre, le temps, l'eau super calcaire, ou la langue ne sont pas les choses qui m'ont posé le plus de problème. C'est plutôt les moeurs en matière de communication.

Je suis quelqu'un que l'on qualifie souvent de franche, je ne sais pas mentir et j'ai tendance à dire spontanément ce que je pense. Seulement voilà, ici ça se passe pas comme ça. On pratique beaucoup ce que ma mère appelle la diplomatie et qui, pour moi, est de l'hypocrisie.

Par exemple, si une personne vous soûle toute une soirée avec une conversation limite chiante, on ne lui dit pas "arrêtes de parler, tu me fatigues", on trouve une excuse quelquonque pour se barrer ou on subit en silence. 

J'avais déjà appris à me "contrôler". Quand j'ai commencé à bosser pendant l'été dans une banque, j'ai vite compris que la diplomatie était vitale. Pas question de dire à un client excessivement désagréable et mal poli ce que l'on pense de son attitude, surtout qu'en général c'est celui dont le compte est le mieux garni. Alors j'ai fait comme tout le monde, j'ai pris sur moi. Mais attention, je faisais pas la lèche-botte non plus. Etre aimable et polie oui, être le larbin de service qui accepte tout sans broncher non.

Quand j'étais plus petite, je trouvais ça horrible de devoir "mentir" ou garder ce que l'on pense pour soi. Mais au fil des ans, j'ai compris la nécessité d'un tel comportement, qu'il fallait rester maître de ses émotions et ne pas faire part à tout le monde de son avis. Ceci afin de préserver une certaine harmonie, une atmosphère de travail vivable.

J'ai aussi découvert que l'honnêteté en matière d'amitié n'était pas toujours de mise. Moi qui avait toujours cru que les non-dits entre amis pouvaient, à terme, tout gâcher, j'ai malheureusement vite compris qu'il fallait une fois encore, user de diplomatie. Pourquoi? Pour ne pas blesser les gens. Parce que je suis "très" spontanée, j'ai la facheuse tendance à parler sans réfléchir, à me laisser guider par la colère plutôt que que par la raison. Et puis, j'observe les gens, je les analyse, j'apprend a les connaître, et du coup, je sais où "frapper" pour faire mal. Mes paroles blesseront, sans aucun doute et je sais que je ne pourrais jamais être pardonnée. Alors je prends sur moi, j'encaisse. Je reste seule pour pleurer ou je vais me défouler à la salle de gym. Tous les moyens sont bons pour évacuer cette violence autrement que par des paroles. J'avoue qu'en général, je gères plutôt bien. Mais parfois, c'est trop dur. Alors je m'éloigne quelque temps. Parfois aussi, c'est trop tard. Je ne peux pas me calmer. La souffrance est trop forte, la coupe trop pleine. Alors mes rapports avec les gens qui m'auront blessé vont changer. Je serais toujours gentille, calme avec eux, mais au fond de moi, je sais que ce n'est plus pareil. Je ne suis plus quelqu'un de rancunier qui cherche à se venger, mais je n'oublie jamais.

Alors parfois, dans certaines occasions, je vais dire  ce que je pense. Je vais l'atténuer bien sûr, mais en gardant l'idée principale. Pour que la personne sache ce que je ressens, que moi aussi certaines phrases me font souffrir. Ainsi, je laisse le choix. Les gens peuvent voir qu'ils m'ont fait du mal, souvent sans s'en rendre compte. Les quiproquos peuvent faire de gros dégats si personne ne dit rien. Les amis sont trop précieux à mes yeux pour que je les perde à cause d'une broutille. Ils valent la peine que je fasse des efforts. Ce que je vais dire peut sembler égoïste mais je suis heureuse quand ils s'en rendent compte. Quand vous passez une soirée avec vos amis, ça fait plaisir de les voir heureux, de voir qu'ils passent un bon moment et de se dire qu'ils ne regrettent pas de passer du temps avec vous plutôt que seul.

Mieux vaut être seule que mal accompagnée, mais être bien accompagnée, c'est quand même mieux!

Ecrit par Pascale66, le Dimanche 6 Mars 2005, 12:11 dans la rubrique "Moi".

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