Bienvenue chez moi! Welcome in my home!

Je n'aime pas le 1er avril.

--> Pas de poisson pour moi, merci.

Il y a plusieurs semaines deja que je pense a ecrire cet article. Je ne sais pas si ca me soulageras mais ca ne coute rien d'essayer. Je n'aime pas le 1er avirl, ou plutot, je ne l'aime plus. Il y 11 de cela, le 1er avril 1994, mon medecin de famille s'est faite assassinee et j'etais la.

Cette annee la, j'etais en 3eme, au college. Malgre les annees ecoulees, je m'en souviens comme si c'etait hier. C'etait un vendredi. Je suis allee au college comme tous les jours. Dans la matinee, j'ai commence a me sentir fievreuse et nauseeuse. J'ai appelle ma mere a son travail. Elle m'a conseille de rentrer a la maison, et de me reposer. Elle alllait prendre un rdv chez le medecin pour moi. Elle me rappeller pour me dire que j'avais rdv a 1 pm et qu'elle me rejoindrais la-bas des que possible. Je me suis dc rendue chez le medecin, dont le cabinet etait situee a quelques minutes de chez mes parents.

Lorsque je suis arrivee devant le cabinet, j'ai voulu sonne a la porte mais la porte etait ouverte. J'ai sonne qd meme pour qu'elle sache que j'etais la et je suis allee attndre ds la salle d'attente. Au bout d'un certain temps, je ne sais plus combien exactement, ma mere est arrivee. Elle m'a demande si j'etais deja passee. Je lui ai repondu que non mais on s'est juste dit qu'elle etait en retard, rien de bizarre la dedans.

Pendant que nous attendions ds la salle, j'ai entendu un bruit bizarre. Je n'ai pas su ce que c'etait ce que c'etait sur le moment mais plus tard, j'ai compris que c'etait elle. C'etait un genre de bruit etouffe, indistinct. \je n'ai pas reconnu sa voix, qui appelle au secours. J'ai demande a ma mere si elle aussi avait entendu mais elle m'a dit que non, alors j'ai cru que j'avais reve. La fievre ou la fatigue sans doute. Puis nous avons entendu 2 bruits de petards, l'un apres l'autre. Ca sentait faguement la poudre.  En realite, c'etait des coups de feu, mais on c'etait le 1er avril, on s'est dit que c'etait des gamins qui s'amusaient. Et puis qd on va chez le medecin, on s'imagine pas qu'elle est en train de se faire tuer.

Bien plus tard, une vieille dame est arrivee. Elle nous a demande a quelle haure nous avions rdv et on s'est apercu que nous attendions depuis vraiment lontemps. La vielle dame s'est vite etonnee, elle a decidee d'aller frapper a la porte du cabinet pour verifier. En s'approchant, on a vu une flaque rouge sous la porte, mais tres diluee comme du mercurochrome. La vieille dame a frappe, pas de reponse. Elle a recommence plusieurs fois puis a decide d'ouvrir la porte. Elle a tourne la poignee mais n'a pas pu ouvrir. La porte etait bloquee par quelque chose. Quelque chose. Elle a alors pousse de toutes ses forces et la porte s'est enfin entrouverte. C'est la que nous l'avons vu. Enfin, juste ses jambes. Elle etait etendue de tout son long derriere la porte. On a tout de suite pense qu'elle etait morte. Elle ne bougeait pas et elle baignee dans une mare de sang. Et oui, du sang pas du mercurochrome.

La vieille dame s'est mise a crier comme une folle, elle a couru a l'etage pour prevenir la mere du medecin qui vivait la et appelle la police. Ma mere n'a pas bouge, je ne me rappelle pas si elle a crie ou non. Elle a juste essaye de me tirer sur le cote pour m'eviter de voir le corps. Mais c'etait trop tard. Quant a moi, je n'ai rien dit. Je n'ai pas bouge, pas crie, pas pleurer. J'ai juste...enregiste. Grave cette image ds ma memoire.

Puis les policiers sont arrives. Ils nous ont fait sortir et attendre dehors. Ils ne savaient pas ce qu'ils allaient trouve ds le cabinet, ca pouvait etre dangereux. Ils ont ensuite commence a nous poser des questions, pour savoir ce qu'il s'etait passe. J'ai raconte vite fait mon histoire a un policier, puis 2, 3...

Finalement, ils nous ont emmene au commisariat pour nous interroger. Ma mere a insiste pour rester avec moi pdt l'interrogatoire mais le policier a refuse. J'etais le principal temoin, je devais etre interrogee seule.

Le policier a ete tres gentil. Il m'a pose plein de questions, sur l'heure a laquelle je suis arrivee, combien de tps on a attendu, ce que j'avais entendu, combien de temps entre les 2 coups de feu... Je savais meme pas que c'etait des coups de feu. Et puis je les ai pas chronometre.

Mon pere est venu nous cherche. Il n'a rien dit suaf qu'il s'etait inquiete de voir le coroner devant le cabinet et de ne pas nous voir. Un policier lui a dit de ne pas s'inquieter, nous allions bien, nous etions juste au commissariat.

Nous sommes rentres a la maison. Ma mere a tenu a aller voir le medecin juste en bas de la maison, qui par la suite est devenue notre nouveau medecin, pour avoir des clamants pour nous aider a dormir. Je crois qu'elles nous apris pour des barges. Notre histoire etait tellement horrible. Je n'ai pas eu besoin de cachets pour dormir. Je suis restee prostree, sans un mot. Le lendemain je suis allee au college comme si de rien n'etait, mes parents ont pense que c'etait mieux comme ca, pour eviter de trop y penser.

Quelques jours plus tard, nous avons appris ce qui c'etait passe. Mon medecin avait ete tuee par son amant car elle voulait le quitter. Il a laisse une lettre d'adieu pour "expliquer" son geste. Il l'a tue et a retourne l'arme contre lui. " coups de feu. D'apres leurs experts, la lettre qu'il avait ecrite ne laissait aucun doute sur sa determination. Il etait fou amoureux d'elle, elle voulait partir, et s'il ne pouvait plus l'avoir personne d'autre ne l'aurait.

Cela ne m'a pas empeche d'eprouver de la culpabilite et de faire d'horribles cauchemards. Ils ne sont apparu que quelques annees plus tard. Les images precises de ce qui s'etait passe me sont revenues en memoire. Tres precises, tres detailles, comme des photos. Et la culpabilite si forte, si presente. Je ne pouvais m'empecher de penser que peut-etre, j'aurais pu faire quelque chose, l'aider. les eternels "et si j'avais fait ca"... Mais on ne change pas le passe.

Depuis les cauchemards et la culpabilite se sont un peu estompes. J'imagine que mes 5 ans de therapie y sont pour quelque chose. Cependant, je n'oublierais jamais ce qui s'est passe, et surtout pas le visage de membres de sa famille. Pendant que nous attendions avant d'aller au poste de police, son mari et son fils aine sont arrives. L'expression sur leurs visages m'afendu le coeur. Ils ne savaient pas encore ce qu'il venait de se passer. Je n'ose pas imaginer ce qu'ils ont ressenti lorsqu'ils ont appris toute l'histoire. Et puis il y a sa famille a lui. Car cet homme avait une famille, une femme, des enfants. Un jour j'ai rencontre une fille qui m'a appris qu'il avait ete son professeur et que sa fille etait ds sa classe. Apres ce drame, elle n'est jamais revenue a l'ecole.

C'etait il y a 11 ans, mais chaque annee, quelques jours avant cette date, j'y repense plus que d'habitude. On pense que ca n'arrive qu'aux autres mais on a tord. Quand les gens me parlent de vivre le moment present, on ne sait jamais ce qu'il va se passer, on peut mourir demain, ils ne savent pas a quel point je sais tout cela et a quel point je fais tout pour ne pas l'oublier. Je sais quelle chance j'ai d'etre en vie et d'avoir encore mes parents et ma famille et ds les moments difficiles, quand je suis au fond du trou, je repense a elle et sa vie perdue. Alors je me remotive et je repars de plus belle.

Ecrit par Pascale66, le Vendredi 1 Avril 2005, 10:53 dans la rubrique "Moi".

Repondre a cet article